À la fin des années 1970, au sein de l’UPCP, la prise de conscience linguistique est à l’œuvre. Il s’agit de faire reconnaître la langue poitevine dans son unité et la diversité des parlers qui la composent, et de publier des textes anciens ou contemporains, mais aussi une grammaire, des lexiques… Il en résultera la création au sein de l’union régionale d’un atelier régional Parlanjhe, mais aussi un intérêt nouveau au sein des associations adhérentes.
C’est dans ce contexte que l’ARCuP enquête sur la langue poitevine utilisée en Bocage puis se lance dans son écriture et sa pratique orale.
« Dans les années soixante, lors de mon premier soir au pensionnat, j’apprends par la bouche d’une moujhasse – mijaurée, pimbêche, iraient très bien aussi – que j’ai un accent patois, et le ton ne laisse aucun doute : ce n’est pas un compliment, c’est dit de la manière dont on s’y prend pour dire à quelqu’un qu’il sent mauvais. C’est bien la première fois que ma façon de m’exprimer me vaut du désagrément. Je suis bilingue poitevin-français depuis toujours, ça n’a jamais posé de problème ! Je suis déjà dans mes petits souliers, va falloir se tenir éloignée des pimpesouées ; c’est vrai qu’ici, on est en ville et au milieu des bourgeoises, alors, les filles de fonds de villages vont devoir gommer leurs spécificités linguistiques et raser les murs.
Le temps passant, je ne rate aucune occasion de parler « patois », parce que j’aime ça et lorsque je découvre l’Arcup et commence à participer aux activités, c’est comme une revanche sur les traces de mépris et de honte qu’on avait voulu me coller : la culture des ruraux, leur parler, leur histoire, leur vécu, sont objets de recherches et dignes de considération ! Il y a même un atelier régional qui mène recherche et réflexion sur le poitevin, j’ai la chance d’y participer à plusieurs reprises, j’y découvre que ce « patois » si méprisé est une langue, avec sa syntaxe et son lexique, son système de conjugaison, que dans le parler de Moncoutant certains mots ont des triphtongues, attestant de la richesse de la langue. Je m’amuse à faire des rapprochements avec le vocabulaire espagnol…
En voilà des découvertes passionnantes et des émotions enthousiasmantes qui resteront inaccessibles à tout jamais à la moujhasse. Ét-o pas malureue ?«
Sylviane Carteau
Écrire en parlanjhe
L’Arcup met en place, en 1979, son premier atelier d’écriture dramatique. Il s’agit alors d’imaginer le nouveau spectacle de l’Avant-deux du Bocage, à partir de contes, musiques et chansons collectés. Il est écrit dans le parler des protestants de Moncoutant. Ce sera Jean l’Sot ou comment épouser une princesse et revenir du paradis sans sa belle paire de souliers gris.
De nombreux autres textes de l’atelier d’écriture utiliseront par la suite la langue poitevine.
Dire le parlanjhe
À travers les manifestations qu’elle organise, qu’il s’agisse de spectacles théâtraux, de lectures publiques, de tours de contes, de veillées parlanjhe, l’Arcup a le souci de donner à entendre la langue régionale, en particulier dans ses sonorités locales.