À l’Arcup, l’expression théâtrale a tout d’abord été présente, dans les premiers spectacles « multi-expression » et « livres-vivants » adaptés de romans, à travers de brèves séquences de dialogues et de chœurs parlés. Mais très vite sont apparues la nécessité et la volonté d’explorer plus avant les codes du théâtre, la construction des personnages, le jeu, la mise en espace. Ce développement de l’activité théâtre au sein de l’association, à travers la création de spectacles (et même, dans les années 90, à travers l’animation d’ateliers théâtre à Cerizay pour enfants, ados et adultes) a été rendu possible grâce à la rencontre et au travail avec des professionnels.
L’activité théâtrale au sein de l’Arcup est construite autour de deux activités très différentes mais complémentaires :
– Le travail de dramaturgie, au sein de l’Atelier d’écriture, qui est déjà en soi une aventure créatrice. Une aventure réellement collective qui fait qu’à l’arrivée on a oublié de qui provient telle formule, telle idée, tels mots. L’élaboration se fait par étapes. Il faut un matériau de base (témoignages collectés, récit, conte…). La progression est lente, parfois sur deux à trois années. On revient souvent sur ce qui a été écrit lors des précédentes séances, les fausses bonnes idées sont remises en question. Et peu à peu la magie opère, un ton est trouvé, les mots viennent plus facilement, les personnages se dessinent. Plusieurs des textes écrits dans ce cadre l’ont été dans la langue régionale, poitevin-saintongeais.
– La réalisation des spectacles : constitution d’une équipe, distribution, travail de table puis de plateau sur les personnages et les situations, mise en scène, scénographie…
Après avoir conçu des pièces « longues », utilisant les codes habituels du théâtre et se développant sur la durée totale d’une représentation, l’Arcup s’oriente depuis quelques années vers la création de formes brèves, permettant de traiter un sujet sur un temps limité, ne nécessitant pas la mise en œuvre d’une logistique lourde, travaillées avec une équipe réduite de comédiens et pouvant être jouées en dehors des salles équipées.
Un peu d’histoire : les créations théâtrales de l’Arcup
Les premiers personnages de théâtre campés par les comédiens de l’association ont été ceux des Creux de Maisons en 1979 puis de Barberine des Genêts en 1982, pour les besoins des spectacles de plein-air adaptés des romans d’Ernest Pérochon.
À cette même époque, le premier atelier d’écriture débute son travail en parlanjhe à partir de contes collectés en Bocage. Plus d’un an sera nécessaire pour aboutir à la création de Jean l’Sot en 1981. C’est lors d’une représentation de ce spectacle qu’a lieu la première rencontre avec Michel Geslin, conseiller technique et pédagogique théâtre. Débute alors une collaboration longue et fructueuse, une succession d’aventures créatives, autour de projets très différents, fruits d’une écriture nourrie par le collectage et d’une réalisation centrée sur les personnages et les mots à jouer.
Il y aura la création en juillet 1984 de La Noce à Jean à la Marandière de Montravers, qui marquera durablement le travail de l’Arcup. Il y aura en 1987 la fable musicale autour du violoneux Bourdounau, qui fera l’objet d’une tournée dans toute la région. Créé en 1988, le spectacle La France vieillit, c’est obligé construit sur le regard et la parole de trois vieilles femmes du monde rural, connaîtra plus de 50 représentations.
Par la suite, à travers ses spectacles théâtraux, qu’il s’agisse d’adaptations ou de créations nourries de ses collectes de mémoire, l’Arcup a abordé quantité de sujets, sérieux ou futiles : la thématique de Noël en Poitou (Le Conte de l’Age Câlureou, 1983), la mémoire d’une femme errante (Marie-Baigne-dans-l’beurre, 1994), la Petite église en Bocage (Babette et ses frères, 1996, le plaisir de la table (Carnaval ou Carême, 2000), la vie d’un café de village (Brind’zinc, 2005), la mémoire des migrants portugais (Ici ou là-bas, 2016).